Le mardi dernier, lors des débats au Conseil National de Transition (CNT) au cours de l’examen du projet de loi portant création de l’école nationale de l’administration pénitentiaire et de l’éducation surveillée, le ministre de la Justice a répondu à certaines questions sur les mesures envisagées ou en cours pour améliorer les conditions carcérales dans les prisons au Mali.
Pour le ministre Mahamadou Kassogué, actuellement, le Mali dispose de 1043 agents dont 900 surveillants pénitentiaires pour 60 maisons d’arrêt. Selon lui, le nombreux de détenus qui est croissant est de près de 17.000 détenus. Pour respecter les ratios et standards internationaux, il estime qu’il faut beaucoup recruter. Selon lui, il y a un plan de recrutement qui a été adopté et qui se trouve buté à des problèmes de disponibilité financière. Toutefois, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme dira qu’il y a des efforts qui sont faits dans ce sens car en 2022, 125 surveillants de prison ont été recrutés. Et cette année, son département projette de faire un concours professionnel. Il promet que s’il y a des disponibilités financières, dans les années à venir, un nombre conséquent de surveillants de prison seront recrutés pour avoir un personnel suffisant afin d’assurer ce service. Le ministre Kassogué a reconnu que le nombre des personnes détenues et qui n’ont pas encore été jugées (personnes prévenues et inculpées) est plus élevé que les détenus jugés et condamnés. Selon lui, c’est un lourd héritage qu’ils ont trouvé sur place et qu’ils sont en train de tenter de gérer. « Nous avons donné des instructions très fermes pour que la célérité soit imprimée au traitement des dossiers surtout des personnes détenues. Nous avons rencontré l’ensemble des procureurs pour leur demander d’utiliser les procédures d’urgence par rapport au traitement des situations qui concernent les détenus », a-t-il fait savoir. Selon le ministre, il s’agit des procédures rapides afin que les personnes ne trainent pas en attente de jugement. Il dit avoir aussi instruit l’Inspection des services judiciaires et la DNAJS, d’assurer des missions de supervision et de contrôle des cabinets d’instruction et des parquets pour veiller à ce qu’il y ait beaucoup de diligence dans le traitement des dossiers. Le Garde des Sceaux pense qu’il y a des raisons qui sont propres aux agents eux-mêmes qui, dans certains cas, manquent de diligence dans le traitement des dossiers. Mais selon lui, il y a aussi des contingences qui leur échappent. En exemple, il a indiqué que le nombre de magistrats est très faible par rapport aux dossiers à juger. D’après le ministre Kassogué, un tribunal comme celui de la commune I traite près de 5000 affaires chaque année. Et c’est le même cas dans les autres juridictions de la capitale. Il a révélé qu’il y a 70 juridictions dans tout le pays avec seulement 431 magistrats disponibles pour faire tout ce travail.
Le ministre en charge de la Justice et des Droits de l’Homme a indiqué par ailleurs que beaucoup d’efforts sont en train d’être faits pour améliorer les conditions carcérales. Selon lui, l’alimentation est bien assurée à tous les détenus à travers les trois repas quotidiens, les services d’hygiène passent dans les prisons pour procéder à l’évacuation des déchets, à la dératisation et pour tuer les moustiques. En période de chaleur, il dira que des humidificateurs sont installés dans les cellules. Toutefois, il reconnait qu’il y a encore beaucoup d’efforts à faire pour rendre ces conditions beaucoup plus humaines. Pour Mahamadou Kassogué, ce n’est pas de gaieté de cœur que les gens sont envoyés en prison pour subir cette situation difficile. Malheureusement, selon lui, il y a des cas où le mandat de dépôt s’impose.
Seydou Traoré