18 août 2020-18 août 2024. Il y a 4 ans, le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta était renversé par un coup d’Etat militaire.
Ce coup d’Etat découle d’une succession d’évènements en 2020. D’abord la grève des enseignants à cause l’article 39, la gestion de la Covid-19 marquée par des décisions impopulaires dont le couvre-feu contesté par une partie de la population.
Pendant ce temps, des voix se sont élevées pour dénoncer la mauvaise gouvernance, l’insécurité grandissante, le détournement des fonds destinés à la Loi d’orientation et de programmation militaire, l’achat des équipements militaires, etc. En plus de cela, la convocation de l’Imam Mahmoud Dicko au Tribunal de la Commune V, la prorogation des mandats des membres du Haut conseil des collectivités, des conseillers communaux et des députés à deux reprises sur un avis favorable de la Cour constitutionnelle, la proclamation des résultats définitifs des élections législatives de mars-avril 2020 par la Cour constitutionnelle. Ces résultats étaient contestés dans plusieurs circonscriptions électorales.
Face à cette situation, des rassemblements auront lieu à la Place de l’Indépendance à l’appel
du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), d’Espoir Mali Koura (EMK) et de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (Cmas). Des milliers de personnes vont se retrouver le 5 juin 2020 sur le Boulevard de l’Indépendance pour un meeting. Les manifestants exigeaient la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta le même jour avant 18 heures. Après la réussite de cette manifestation, les contestataires ont décidé de maintenir la pression. Le 11 juin 2020, le gouvernement a démissionné et le chef de l’Etat a maintenu Dr Boubou Cissé comme Premier ministre. Lequel a mis en place une équipe restreinte de six ministres.
Quelques jours après, pour tenter de calmer la tension, le président Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé l’application immédiate de l’article 39. Une autre mesure qu’il a prise dans la foulée est l’abrogation du décret de nomination des membres de la Cour constitutionnelle et son remembrement.
Malgré toutes ces décisions et la médiation des chefs d’Etat de la Cedeao, les manifestations se sont poursuivies pour exiger sa démission jusqu’au jour fatidique du 18 août 2020.
En effet, le 18 août 2020, dans ce contexte de manifestations populaires pour exiger la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta, il y a eu une mutinerie dans certaines casernes près de Bamako. Un groupe d’officiers réunis au sein du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) avec à leur tête, le Colonel Assimi Goïta va renverser le président Ibrahim Boubacar Keïta, qui a annoncé le même jour, sa démission avec toutes les conséquences de droit notamment la dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement.
La démission du président Ibrahim Boubacar Keïta a été suivie par des assises qui ont adopté une Feuille de route et une Charte de la Transition sur la base desquelles, l’ensemble des organes ont été mis en place pour une durée de 18 mois. Bah N’Daw a été choisi comme président de la Transition et le Colonel Assimi Goïta, comme vice-président, chargé des questions de défense et de sécurité. Ils ont tous deux prêté serment le 25 septembre 2020. Ensuite, il y a eu la nomination du Premier ministre Moctar Ouane qui a formé son gouvernement et la mise en place du Conseil national de Transition (CNT).
Après une première phase de 8 mois dirigée par Bah N’Daw, il y a aura une rectification de la trajectoire de la Transition le 24 mai 2021. Le Colonel Assimi Goïta a été investi le 7 juin 2021 comme président de la Transition et il a confié le poste de Premier ministre à Choguel Kokalla Maïga qui a mis en place son gouvernement le 11 juin 2021.
Dès lors, de nombreuses actions ont été réalisées dans le cadre de la refondation de l’Etat et un vaste chantier de réformes politiques et institutionnelles a été ouvert et la réalisation se poursuit. Des nombreuses actions ont déjà été mises en œuvres dans ce cadre notamment le referendum pour une nouvelle Constitution, la création d’une Autorité indépendante de gestion des élections, etc. Aussi, il y a eu des efforts importants pour l’équipement des Forces armées maliennes (FAMa). Ce qui a permis leur montée en puissance. Grâce à cette montée en puissance, les autorités de la Transition ont demandé le départ de toutes les forces étrangères (Barkahne, Minusma). Et par la suite, l’Armée malienne a investi toutes les emprises qui étaient occupées par ces forces étrangères. Elle a même signé son retour à Kidal après plus de 10 ans d’absence avec l’administration à l’appui. Malgré ces nombreuses actions, tout n’est pas rose. Nombreux sont aujourd’hui ceux qui dénoncent la persistance de certaines pratiques pour lesquelles, ils avaient combattu le président Ibrahim Boubacar Keïta, les arrestations et détentions extrajudiciaires, le problème d’électricité qui a mis de nombreux travailleurs au chômage, la cherté de la vie, l’insécurité grandissante avec son lot de fermeture d’écoles dans plusieurs localités du pays, etc.
A. Sanogo