Le président de la Transition l’a déclaré le lundi dernier au cours de la cérémonie d’installation officielle du comité de pilotage du dialogue inter-Maliens.
Le chef de l’Etat, après avoir institué le comité de pilotage du dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale a, par le décret n°2024-0061/PT-RM du 31 janvier 2024, procédé à la nomination des membres. Les membres de ce comité, au nombre de 140, présidé par l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, ont été officiellement installés le lundi dernier au palais de Koulouba.
Dans son discours, le Colonel Assimi Goïta a indiqué cette cérémonie marque le début d’un processus destiné à aboutir à l’apaisement des cœurs et au retour de la grande fraternité légendaire entre les filles et les fils du Mali. Selon lui, le peuple malien qui a souffert le martyre durant des années, revient de loin. « En des moments de son histoire récente, certaines personnes n’auraient pas parié sur la possibilité pour lui de reconquérir ses terres, encore moins de réconcilier ses enfants », a indiqué le président Goïta, qui dira que le Mali éternel a vacillé, mais ne s’est pas écroulé contrairement à certaines prédictions.
« Nous devons cela à notre histoire millénaire, marquée par l’existence de grands empires et royaumes qui ont réalisé un brassage socioculturel donnant naissance à des communautés ayant toujours vécu en symbiose et dans la complémentarité. Elles ont ainsi mis en place des systèmes d’échanges mutuellement bénéfiques entre les produits de l’agriculture, du pastoralisme, de la pêche et de l’artisanat créant de fait un contexte économique harmonisé », a rappelé le Colonel Assimi Goïta. D’après lui, sur le plan sociologique, « nos ancêtres ont inventé des institutions et des relations sociales qui ont créé l’harmonie et la solidarité entre les personnes et les groupes ». Une de ces institutions est la parenté à plaisanterie autrement dit le Sinagouya qui est un véritable ciment social et qui crée des liens quasiment sacrés entre différents groupes ethniques, a indiqué le chef de l’Etat, qui dira que même au plus fort de la crise multiforme que traverse notre pays, pendant que les services de l’État s’étaient retirés de certaines localités, c’est le tissu social pétri de solidarité et d’humanisme qui a permis aux populations de se supporter pour mieux envisager l’avenir. D’après lui, c’est justement pour cette raison que les ennemis du peuple malien on essayé de créer la mésentente entre les populations pour les entrainer dans des conflits intra et intercommunautaires.
Raviver le vivre-ensemble
Selon lui, ces conflits ont eu pour conséquences de déstructurer les économies locales en empêchant les populations de s’adonner à leurs activités quotidiennes. Ainsi, des communautés entières ont été plongées dans une extrême précarité et ont dû quitter leurs terroirs pour devenir des réfugiés ou des déplacés compromettant l’avenir de toute une génération d’enfants par manque d’éducation adéquate, a déploré le président de la Transition. Il dira que grâce à la bravoure et au don de soi des Forces armées maliennes (FAMa), l’État du Mali a recouvré son autorité sur l’ensemble du territoire. « Nous avons décidé de créer les conditions d’un dialogue entre les filles et les fils de notre peuple, conduit par eux-mêmes, en vue de restaurer la paix, de consolider l’unité nationale et de raviver le vivre-ensemble », a-t-il indiqué. Pour Assimi Goïta, ceci était d’une urgente nécessité tant l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger était devenu, pour certains acteurs, un fonds de commerce et un moyen de prolonger la souffrance des populations meurtries. « C’est la raison pour laquelle, les autorités de la Transition ont décidé, en toute responsabilité, d’y mettre fin », a-t-il précisé, convaincu que « nous avons tous les atouts pour réussir un dialogue direct entre Maliens ».
Après avoir félicité les membres du comité de pilotage pour le choix porté sur eux, le Colonel Assimi Goïta dira que la tâche qui les attend est des plus exaltantes. Selon lui, il leur revient de créer les conditions d’un dialogue franc et sincère entre les Maliens de manière inclusive, afin que nul ne se sente exclu. « Toutes les voix doivent être écoutées et tous les avis doivent pouvoir s’exprimer. Il s’agit donc, comme le dit l’expression populaire, de laver le linge sale en famille », a ajouté le Colonel Assimi Goïta. D’après lui, ils devront avoir comme boussole, les trois principes qui guident désormais l’action publique au Mali à savoir le respect de la souveraineté du Mali, le respect de ses choix stratégiques et de partenaires, la défense des intérêts du peuple dans les décisions prises.
Le président Goïta a prévenu qu’il n’y aura aucune place, dans ce grand forum national, pour les ennemis du Mali qui veulent remettre en causel’unicité et la laïcité de l’État, ainsi que l’intégrité de son territoire.
Fily Sissoko